Sommaire
ToggleLa dyslexie est bien plus qu’une difficulté à lire.
C’est un défi quotidien qui touche environ 5 à 7 % des enfants scolarisés.
Pourtant, ce trouble reste parfois incompris, entraînant des impacts significatifs sur l’estime de soi, les relations familiales et le parcours professionnel.
Cet article explore les causes, les symptômes et les solutions concrètes pour mieux appréhender la dyslexie et accompagner ceux qui en souffrent.
Je vous invite à aller écouter l’épisode 27 du Podcast Hack Your Soul, car cet article n’en est qu’un bref résumé. Vous y trouverez de nombreuses informations complémentaires.
Comprendre la dyslexie : un trouble aux multiples facettes
Qu'est-ce que la dyslexie ?
La dyslexie est un trouble spécifique des apprentissages caractérisé par des difficultés à lire avec précision et fluidité. Elle serait due à un problème d’encodage du son.
Elle se manifeste souvent par :
- des confusions entre des sons proches,
- des inversions de lettres ou de syllabes,
- des difficultés à découper les syllabes et à reconnaître les mots de manière globale.
Le trouble spécifique des apprentissages est relativement fréquent : dans chaque classe, un à deux élèves peuvent en être affectés.
Les causes de la dyslexie
Les recherches en cours indiquent qu’il y a une susceptibilité génétique. Une personne dyslexique a en moyenne, 35 à 40% de chance d’avoir un parent lui-même dyslexique.
Les recherches en imagerie cérébrale (IRM) avancent l’hypothèse de désordres neuronaux dans certaines régions du cerveau, ou alors d’un déficit de connexion entre des aires éloignées du cerveau.
Ces hypothèses valant pour les troubles spécifiques des apprentissages dans leur ensemble.
Conséquences psychologiques et sociales
Non diagnostiquée ou mal prise en charge, la dyslexie peut entraîner un sentiment d’échec scolaire avec de véritables parcours professionnels chaotiques.
Des difficultés attentionnelles sont souvent liées à ce trouble, ainsi qu’une fatigabilité.
Le retentissement social : stigmatisation, difficultés relationnelles peuvent renforcer le cercle vicieux de mésestime de soi.
Et bien-sûr le retentissement familial est lui aussi important, avec des tensions, notamment au moment de la mise au devoirs.
Diagnostic et prise en Charge : une approche pluridisciplinaire
L’importance d’un diagnostic précis
Un diagnostic professionnel, réalisé par un orthophoniste et si besoin validé auprès d’un pédopsychiatre ou d’un pédiatre, est essentiel.
Il permet d’éviter les confusions avec d’autres troubles comme la dépression ou le TDAH (trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité).
Les solutions thérapeutiques
Le cœur de la prise en charge est l’orthophonie. Mais ce soin peut s’accompagner si nécessaire d’un travail psychologique en individuel ou de groupes thérapeutiques.
- Orthophonie : des exercices ciblés pour améliorer la conscience phonologique et restaurer la confiance.
- Soutien psychologique : accompagnement pour renforcer l’estime de soi et gérer l’anxiété.
- Groupes thérapeutiques : travail de l’estime de soi et de l’ajustement relationnel, échanges avec d’autres enfants dyslexiques pour briser l’isolement.
Ces soins peuvent se réaliser en libéral, auprès de CMP, de CMPP ou de SESSAD (après notification MDPH).
Il faudra aussi souvent penser compensation en réalisant un dossier auprès de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées), et mettre en place des tiers-temps si nécessaire.
Implication parentale
Les parents jouent un rôle clé. Ils est nécessaire de leur expliquer la dyslexie et son fonctionnement afin qu’ils accompagnent au mieux leur enfant.
Un espace d’écoute est salvateur pour leur permettre d’apaiser leur propre culpabilité souvent exprimée au décours du diagnostic.
Des solutions pratiques pour faciliter le quotidien
Adaptations scolaires et outils technologiques
Voici quelques outils utiles :
- Polices d’écriture adaptées comme OpenDyslexic.
- Livres audio et dictée vocale pour limiter l’effort de lecture. (Lisez cet article pour savoir où télécharger des audiobooks)
- Jeux éducatifs pour stimuler la mémoire de travail (ex. Bazar Bizarre) et la phonologie (ex. Rimatou, Syllabozoo).
Activités extra-scolaires bénéfiques
La musique et la danse améliorent la coordination et les compétences de lecture. Une étude de 2015 a révélé que des séances de musique 2 fois par semaine pendant 6 mois augmentaient les progrès en lecture de 60 %.
A noter que le solfège seul ne suffit pas. C’est bien la notion de rythme à l’intérieur de l’activité de musique ou de danse qui fera la différence.
Aménagements au travail
Pour les adultes dyslexiques, il est utile de créer des environnements de travail calmes et d’utiliser des logiciels d’aide à l’écriture, des correcteurs orthographiques ou grammaticaux.
Des adaptations comme le fractionnement de tâches complexes, ou des délais supplémentaires peuvent également faire la différence.
Soutenir des adolescents et des adultes dyslexiques
Adolescents : un besoin de soutien discret
À cet âge, le regard des autres et la stigmatisation qui peut en découler sont des préoccupations majeures. Un accompagnement bienveillant et discret est crucial pour les aider à rester motivés.
Adultes : une adaptation permanente
De nombreux adultes dyslexiques restent non diagnostiqués. Ils compensent souvent leurs difficultés en évitant les tâches exigeant une lecture soutenue, mais les technologies modernes offrent de nouvelles opportunités pour améliorer le quotidien.
Il n’est jamais trop tard pour établir un diagnostic, et mettre en place des soins, les orthophonistes reçoivent également des adultes 😉.
Conclusion : agir pour déstigmatiser et accompagner
La dyslexie n’est pas une identité mais un diagnostic.
Celui-ci ouvre la voie à des stratégies pour gérer ce handicap.
Bien que la mise en place de soins et de mesures de compensation puissent prendre du temps, leurs bénéfices à long terme en valent largement l’effort.
📚 Sources bibliographiques :
- E. Flaugnacco et coll. Music Training Increases Phonological Awareness and Reading Skills in Developmental Dyslexia : A Randomized Control Trial PLoS One du 25 septembre 2015
- DeFries JC, Fulker DW, LaBuda MC. Evidence for a genetic aetiology in reading disability of twins. Nature. 8 oct 1987 ; 329(6139):537‑9.
- Stevenson J, Graham P, Fredman G, McLoughlin V. A twin study of genetic influences on reading and spelling ability and disability. J Child Psychol Psychiatry. Mars 1987; 28(2):229‑47.
- Fisher SE, DeFries JC. Developmental dyslexia: genetic dissection of a complex cognitive trait. Nat Rev Neurosci. oct 2002;3(10):767‑80.
- Bishop DVM. What Causes Specific Language Impairment in Children? Current Directions in Psychological Science. oct 2006;15(5):217.
- Meng H, Smith SD, Hager K, Held M, Liu J, Olson RK, et al. DCDC2 is associated with reading disability and modulates neuronal development in the brain. Proc Natl Acad Sci USA. 22 nov 2005 ; 102(47):17053‑8.
