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ToggleLa mort est un sujet délicat. Elle soulève souvent des questions déroutantes chez les enfants : « Où va-t-on quand on meurt ? », « Pourquoi la mort existe-t-elle ? ».
En tant qu’adultes, ces interrogations peuvent nous surprendre, car la mort est une réalité que nous avons intégré. Toutefois, pour les enfants, ces questions sont sincères et reflètent leur besoin de comprendre un phénomène qui demeure mystérieux.
Dans cet article, nous explorerons comment aborder ce sujet avec des enfants et adolescents, tout en tenant compte de leur développement cognitif et émotionnel.
Je vous invite à aller écouter l’épisode 21 du Podcast Hack Your Soul, car cet article n’en est qu’un bref résumé. Vous y trouverez de nombreuses informations complémentaires.
📚 Source : Partager autour de la mort avec les enfants : perspectives d’aujourd’hui, Jaqueline Ganière, Patricia Fahnri-Nater
Le changement de perception de la mort à travers les âges
Les sociétés traditionnelles
Dans les sociétés anciennes, la mort était perçue comme une transition naturelle dans un cycle de vie régie par des entités supérieures.
Les rituels funéraires étaient non seulement des cérémonies individuelles, mais aussi des événements communautaires renforçant la cohésion sociale.
Les enfants faisaient partie intégrante de ce processus, et la mort était vue comme une réalité partagée.
La société contemporaine
Aujourd’hui, la mort est devenue une affaire individuelle.
Avec l’essor des soins palliatifs et des décès institutionnalisés, la mort est sortie de nos quotidiens.
Les enfants sont peu exposés à la réalité de la mort. Paradoxalement, ils y sont surexposés via les médias, séries, jeux vidéos…
Ce décalage, en plus de la promotion d’une culture de la jeunesse et de la performance, contribue à un tabou autour de la mort, la rendant plus difficile à aborder. C’est ce que certains auteurs ont appelé « le déni de la mort ».
Comprendre les représentations de la mort chez les enfants
L’un des points essentiels dans l’accompagnement des enfants, est de comprendre leur conception de la mort. Cela vous permettra d’adapter vos réponses.
Elle va évoluer en fonction de leur âge et de leur développement cognitif et affectif.
Entre 0 et 3 ans
Avant 3 ans, un enfant ne comprend pas la mort au sens cognitif. Il ressent principalement les absences et les émotions qui en découlent, sans saisir le caractère définitif de la mort.
Entre 3 et 6 ans
À cet âge, la mort est souvent perçue comme réversible, semblable à un long sommeil. Les enfants peuvent poser des questions comme : « Quand est-ce qu’il revient ? » Il est essentiel de les rassurer, tout en leur expliquant progressivement la finalité de la mort.
De 6 à 10 ans
La compréhension de la mort devient plus claire. La mort prend une réalité biologique : elle correspond à un arrêt des fonctions vitales du corps. Les enfants se représentent souvent la mort de manière personnifiée, inspirés des contes et légendes qui nourrissent leur imaginaire.
C’est aussi à cet âge que des questions concernant la causalité de la mort sont à l’œuvre.
Après 10 ans
À partir de cet âge, les enfants commencent à intégrer la mort comme un processus inévitable et universel. Ils développent une conscience plus philosophique de la vie et de la mort, avec des questions existentielles telles que : « Qu’y a-t-il après la mort ? »
Dialoguer autour de la mort : Comment aborder le sujet ?
Valorisez les questions de l’enfant
Face à des questions directes sur la mort, la première étape est de valoriser la curiosité de l’enfant. Cela lui permet de se sentir entendu et de comprendre que le sujet n’est pas tabou.
Explorez ses représentations
On oublie souvent cette étape ! Mais un enfant qui vous pose cette question a déjà un début de représentation de la mort. Alors allez explorer ce que l’enfant sait déjà et comment il se représente la mort. En posant des questions ouvertes, vous l’aiderez à verbaliser ses pensées et ses craintes.
Utilisez des mots simples et adaptés
En fonction de l’âge de l’enfant, il convient d’utiliser des mots simples, clairs et adaptés à son niveau de compréhension. Il ne s’agit pas de masquer la vérité, mais de la rendre accessible à son développement émotionnel et cognitif.
Ne pas éviter le sujet
Même si la mort est difficile à aborder, il est important de ne pas éviter le sujet, surtout lorsque l’enfant est confronté à la perte d’un proche. Ne pas en parler pourrait créer un climat de méfiance ou d’incompréhension chez l’enfant, renforçant ses peurs. De même, ne vous interdisez pas d’utiliser le mot « mort ».
Accompagner l'enfant dans les moments difficiles
Lorsque la mort frappe de manière inattendue ou touche un proche, l’accompagnement de l’enfant est crucial. Il est recommandé de maintenir un dialogue ouvert et d’expliquer les étapes du processus de deuil, tout en prenant en compte ses besoins émotionnels et son rythme.
Dans certains cas, il peut être utile d’intégrer des rituels ou des symboles significatifs pour l’enfant, comme la création d’un album souvenir ou le fait de participer à des cérémonies funéraires, pour l’aider à appréhender la mort et à trouver un sens à cette expérience.
Conclusion : éduquer à la vie par le prisme de la mort
Aborder la mort avec les enfants n’est jamais facile, mais il s’agit d’un élément fondamental de leur éducation.
En tant qu’adultes, il est de notre responsabilité de leur offrir un espace d’expression où ils se sentent en sécurité pour poser des questions et partager leurs émotions. Parler de la mort, c’est finalement parler de la vie, de son sens et de la façon dont nous faisons face à notre propre finitude.
Mon ultime conseil serait : faites-vous confiance et appuyez-vous sur votre bon sens !
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