L’injonction paradoxale est un concept méconnu du grand public mais omniprésent dans notre quotidien.
Difficile à décrypter, elle peut pourtant avoir des effets dévastateurs sur nos relations personnelles et professionnelles.
Dans cet article, nous allons découvrir son mécanisme. Quels sont ses effets ? Comment s’en prémunir pour améliorer son bien-être et ses interactions ?
Je vous invite à aller écouter l’épisode 22 du Podcast Hack Your Soul, car cet article n’en est qu’un bref résumé. Vous y trouverez de nombreuses informations complémentaires.
Qu'est-ce qu'une injonction paradoxale ?
L’injonction paradoxale consiste à recevoir deux messages contradictoires simultanément, rendant impossible une réponse satisfaisante.
L’exemple classique c’est : « Sois spontané ! ». Ce qui est contradictoire dans cette injonction, c’est que la spontanéité ne peut être ordonnée.
Ce phénomène a été théorisé dans les années 1950, par l’école de thérapies systémiques de Palo Alto (Gregory Bateson, Paul Watzlawick).
Ces messages contradictoires poussent souvent à une impasse psychique. La personne qui les reçoit ne sait plus quelle direction prendre, aboutissant à un « bug » cognitif.
Les injonctions paradoxales peuvent survenir dans des relations professionnelles, familiales ou même dans notre propre dialogue intérieur, créant de la confusion et du stress.
Les effets destructeurs de l'injonction paradoxale
Le premier effet notable est la confusion mentale. Lorsqu’une personne est confrontée à des messages contradictoires, elle ne sait plus comment réagir, ce qui bloque littéralement sa pensée.
Cela peut mener à un sentiment d’impuissance, car aucune réponse n’est satisfaisante.
En outre, cette confusion répétée entraîne souvent du stress et de l’anxiété, car on se retrouve constamment piégé dans une situation sans issue.
À long terme, l’exposition à des injonctions paradoxales peut provoquer un épuisement émotionnel. Cela affecte non seulement la personne elle-même, mais aussi ses relations : tensions, frustrations et communication bloquée s’installent progressivement.
Exemples courants d'injonctions paradoxales
Dans le cadre professionnel, un exemple classique est le « Traite ce sujet en priorité… Mais n’oublie pas de faire le reste» . Demande impossible car la priorité signifie bien qu’il y a une hiérarchie. Or, elle est annulée par le 2ème message qui demande à ce que tout soit traité au même niveau.
Autre exemple, dans la sphère familiale : « Sois autonome, mais fais exactement ce que je te dis. » Là encore, l’injonction d’autonomie est annulée par le deuxième message.
Ces contradictions perpétuelles conduisent à des conflits internes et relationnels, affaiblissant la confiance en soi et dans les autres.
Comment se libérer des injonctions paradoxales ?
Faire confiance à son ressenti
La première étape pour sortir de l’emprise d’une injonction paradoxale est de reconnaître les émotions et la confusion qu’elle génère.
Prenez le temps de définir ce que vous ressentez, quand et comment cela arrive.
Identifier la contradiction
Le plus difficile est souvent de repérer l’injonction en elle-même. Souvent, la contradiction n’est pas immédiatement évidente et peut se manifester à travers des signaux non verbaux ou des sous-entendus.
Prenez du recul, analysez la situation et identifiez les deux messages contradictoires.
Clarifier les attentes
Si la situation vous semble floue, c’est probablement parce qu’elle l’est. N’hésitez pas à demander des précisions pour lever les ambiguïtés, que ce soit dans votre vie professionnelle ou personnelle.
Renégocier le contrat
Lorsque l’injonction paradoxale est identifiée, il est essentiel de verbaliser la contradiction et d’ouvrir une discussion pour renégocier les termes de l’échange. Cela peut impliquer de poser des limites claires et de refuser certaines demandes impossibles.
L'usage du paradoxe en thérapie
L’injonction paradoxale peut être détournée pour un usage thérapeutique.
Dans le cadre des approches systémiques, elle peut devenir un outil puissant pour provoquer des changements positifs. Il s’agira d’aider les patients à dépasser des blocages en utilisant le paradoxe de manière intentionnelle.
La prescription de symptôme, utilisée couramment en systémie en est un exemple.
Ainsi, le thérapeute encourage la personne à sortir des schémas de pensée rigides, à remettre en question ses croyances et à explorer de nouvelles perspectives… Afin de créer un changement.
Conclusion : utiliser le paradoxe plutôt que le subir
Les injonctions paradoxales, bien que souvent involontaires, peuvent considérablement nuire à la santé mentale et à la qualité des relations.
Les identifier et les déjouer est crucial pour retrouver une pensée claire et des relations saines.
👇 Si cet article vous a aidé à mieux comprendre les mécanismes des injonctions paradoxales et à identifier des situations similaires dans votre vie, n’hésitez pas à partager vos expériences en commentaire.
