Suis-je normal ?

Suis-je normal ?

Vous demandez-vous si vous êtes normal ? Oui ? Vous n’êtes pas le seul !

Beaucoup de personnes éprouvent des doutes et des inquiétudes quant à leur normalité.

Eh bien, laissez-moi tout de suite vous rassurer : la normalité est une notion subjective et complexe. Ce qui est normal pour une personne peut être considéré comme bizarre pour une autre… Mais alors, comment la définir ?

Dans cet article, nous allons explorer quelques pistes sur la notion de normalité et examiner les critères couramment utilisés pour déterminer ce qui est normal.

Que vous soyez préoccupé par votre apparence physique, votre comportement ou vos compétences, il est important de se rappeler que la diversité fait partie intégrante de la nature humaine. Personne n’est l’exacte copie de son voisin, et c’est aussi ce qui rend le monde si intéressant.

Cet article est un résumé de l’épisode 12 du Podcast Hack Your Soul :

Comprendre le concept de normalité

Le concept de normalité peut être déroutant.

En fonction de la personne à qui vous poserez cette question « suis-je normal ? », vous aurez potentiellement une myriade de réponses différentes.

Plusieurs critères peuvent orienter la réponse :

– la fonction de la personne à qui vous adressez la question

– le contexte dans lequel cette personne et vous vivez

– les constructions sociales qui vous entourent

– etc…

On peut donc d’ores et déjà se dire que définir la normalité de manière objective ne va pas être simple ! Car elle va se construire et varier en fonction de la culture, de la société et des valeurs individuelles. 

La normalité selon Canguilhem

Pour mieux comprendre la notion de normalité, il est intéressant d’examiner ce que le philosophe français Georges Canguilhem (1904 – 1995) avait à dire sur le sujet.

Voici quelques idées à retenir de son travail sur Le normal et le pathologique (1974) :

– ils sont indissociables : comme les deux faces d’une même pièce

– ils ne peuvent se définir de manière absolue ou statistique : Canguilhem introduit l’idée d’un processus dynamique et d’adaptation à l’environnement

– pour définir une norme, on ne peut faire abstraction des usages, des pratiques et des attentes sociales d’une certaine époque dans un certain lieu. Canguilhem parle ainsi de la notion de contexte social et historique.

 

4 hypothèses pour tenter de définir la normalité

1. Être normal c'est être en bonne santé

Dans cette hypothèse, être normal c’est ne pas être malade. On associe donc santé et normalité et on les oppose au couple maladie et anormalité.

Mais cette vision de la normalité est réductrice et statique.

Ainsi, selon cette hypothèse, une personne asthmatique serait malade pendant les crises et normale en dehors… Mais prendriez-vous le risque de demander à cette personne asthmatique de faire un 400 m haies sans sa ventoline ?

La réponse est non… La maladie, la santé et la normalité ne peuvent se résumer à la seule crise d’asthme. On prendra en compte le terrain, le contexte, la potentialité à recouvrer la santé, etc…

Donc cette hypothèse santé = normalité n’est pas vraiment satisfaisante pour répondre à la question « suis-je normal ? ». 

2. Être normal c'est être dans la moyenne statistique

Suis-je normal si je suis dans la moyenne

Dans cette hypothèse, être normal serait être dans la bonne partie de la fameuse courbe de Gauss.

C’est d’ailleurs une métrique qu’on utilise facilement pour avoir des repères sur le développement d’un enfant (taille, poids), ou pour mesurer le quotient intellectuel.

Mais suis-je anormal si j’ai plus de 130 de QI (haut potentiel intellectuel) ?

Suis-je anormal si je suis plus petit que la moyenne, mettons 1, 30m ?

Oui selon cette définition statistique et… Statique. Mais là encore, le contexte est très important. Peut-être qu’au niveau mondial, la norme de la taille en terme statistique sera 1,70m. Mais si je prends comme référence sociale et culturelle les Pygmées et bien 1,70m sera considéré comme anormal.

En dehors de la question culturelle, il est également important de se rappeler que les statistiques peuvent être influencées par des facteurs tels que les biais de sélection, les erreurs de mesure. Par conséquent, il est essentiel de prendre les statistiques avec prudence et de ne pas les utiliser comme une mesure absolue de la normalité.

Donc la seule statistique ne peut pas non plus répondre totalement à la question : « suis-je normal ? ». 

3. Être normal c'est se rapprocher d'un idéal

Dans cette hypothèse, la normalité se base sur un modèle utopique ou idéal. En clair, être normal serait adhérer et agir les valeurs de ce système. 

Mais qui fait les règles de ce système ?
– les politiques ? Comme écueil, on peut citer le régime nazi qui définissait comme « anormaux » homosexuels, personnes ayant un handicap, opposants politiques…
– le groupe social ? Alors on en revient peu ou prou à la question de la norme comme moyenne statistique vu précédemment.
–  soi-même ? Là, l’écueil serait la fabrication d’un idéal inatteignable ou tyrannique, un système de valeur basé sur des croyances qui parfois peuvent limiter l’horizon, infiltrées par des injonctions sociétales.

Cette hypothèse n’est donc pas non plus convaincante à 100% pour définir la normalité.

Être normal c'est un processus dynamique avec la capacité de retour à un équilibre

Dans cette hypothèse, le normal est vu comme processus d’adaptation.

Mais… Oui car il y a un « mais » comme toujours 😉

Une tentation serait de réduire le fait d’être normal à un état d’acceptation voire de soumission ou de conformisme aux exigences sociales.

Autre écueil de cette hypothèse : dans une société qui dysfonctionne, le fait de s’adapter, est-ce un signe de normalité ou de dysfonctionnement ? 

Question difficile !

📚 Voir à ce propos le livre « Il faut s’adapter ». Sur un nouvel impératif politique, de Barbara Stiegler.

Conclusion : créez votre définition de la normalité

Chaque personne vit des expériences uniques qui façonnent sa perspective et sa vision du monde. Il n’y a pas de réponse simple, univoque et satisfaisante à la question « suis-je normal ? ».

Rassurez-vous, vous poser cette question ne signe pas l’anormalité.

Mais il faudra aller plus loin sur ce qu’elle cache de vos véritables interrogations pour vraiment y répondre !

Il est également important de se rappeler que la normalité n’est pas synonyme de bonheur. Être normal ne garantit pas le bonheur, et être différent ne signifie pas être malheureux. Il est essentiel de vous concentrer sur ce qui vous rend vraiment heureux et épanoui, indépendamment des attentes sociales, des stéréotypes ou des préjugés. Et ça c’est déjà un travail en soi !

Alors si vous me demandez « est-ce que je suis normal? »,  je vous répondrai ça : est-ce vraiment cette question qui vous amènera à grandir et aller là où vous souhaitez ?

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