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ToggleLe Trouble Dissociatif de l’Identité (TDI) est rare en pratique clinique, mais sur Internet, ce chiffre semble exploser, notamment parmi les jeunes adultes.
Ce phénomène est international et touche tous les continents.
Avec l’essor des médias sociaux, le nombre de personnes s’auto-diagnostiquant un TDI pourrait être lié à une nouvelle forme du syndrome de Münchhausen, où l’attention et la validation sociale sont au premier plan (Binet, 2024).
Points clés :
- Le TDI est rare, mais il semble se banaliser sur les réseaux sociaux.
- Les jeunes adultes sont particulièrement touchés par le phénomène.
- L’autodiagnostic via internet se répand, souvent sans fondements médicaux.
- Ce comportement pourrait être lié au syndrome de Münchhausen par Internet.
- Les communautés en ligne amplifient ces faux diagnostics.
L'explosion des cas de trouble dissociatif de l'identité sur internet
Le trouble dissociatif de l’identité (TDI) est un trouble psychiatrique rare, avec une prévalence estimée entre 1 % et 3 % dans la population générale (Sar, 2011).
Malgré cette rareté, un phénomène inquiétant est observé : sur des plateformes comme TikTok et YouTube, de nombreuses personnes s’autoproclament atteintes de TDI.
Rappelons qu’en 2021, près de 88 % des jeunes âgés de 16 à 24 ans étaient actifs sur les réseaux sociaux (Statista, 2021).
Les témoignages pullulent, largement basés sur des autodiagnostics, et souvent dénués de fondement clinique.
Les réseaux sociaux sont une caisse de résonance à ces revendications.
Le bain culturel a toujours eu une influence significative sur la compréhension, l’expression et le traitement des maladies mentales : assisterions-nous à l’avènement d’une psychopathologie du hashtag ?
L'impact des médias sociaux sur le trouble dissociatif de l'identité
Les médias sociaux offrent une plateforme parfaite pour la surmédiatisation du TDI.
Certains influenceurs revendiquent être atteints de ce trouble complexe, ce qui attire une grande audience et amplifie le phénomène.
Mais, si les influenceurs sont en quête de popularité, leurs jeunes followers sont souvent à la recherche de sens ou d’appartenance, et finissent par intégrer ces troubles dans leur propre identité.
Le TDI devient ainsi un symbole de singularité et une réponse à des angoisses identitaires (Binet, 2024).
Syndrome de Münchhausen par internet : les dangers de la simulation en ligne
Le comportement de ces personnes sur les réseaux sociaux s’apparente souvent à une forme moderne du syndrome de Münchhausen, pathologie dans laquelle des individus simulent des maladies pour attirer l’attention et la sympathie.
Cette version numérique, connue sous le nom de Münchhausen par Internet, se distingue par le fait que les individus ne recherchent plus seulement des soins et l’appui de leur entourage, mais des soutiens émotionnels en ligne (Feldman, 2000) avec parfois des implications financières (collectes de fonds par exemple).
Ce comportement est particulièrement observé dans les communautés en ligne axées sur les troubles psychologiques (ex : troubles du comportement alimentaire), les maladies somatiques (ex : cancer), où les symptômes sont souvent exagérés voire caricaturaux.
Conséquences des faux diagnostics de trouble dissociatif de l'identité (TDI)
Les autodiagnostics en ligne posent de sérieux problèmes.
Le TDI, en tant que trouble dissociatif sévère, nécessite une évaluation clinique précise et un diagnostic différentiel complexe (American Psychiatric Association, 2022).
Or, sur les médias sociaux, ces distinctions sont souvent ignorées, ce qui conduit à des confusions entre TDI authentique et autres troubles (syndrome de Münchhausen, troubles de la personnalité…)
En définitive, les jeunes se persuadent d’être atteints de TDI et se présentent ainsi aux professionnels de santé, ce qui complexifie le diagnostic (Pietkiewicz et al., 2021).
Comment les professionnels de santé peuvent réagir
Face à cette vague d’autodiagnostics, les professionnels doivent être particulièrement vigilants.
L’éducation des cliniciens sur le TDI et ses diagnostics différentiels doit être renforcée pour éviter les erreurs de diagnostic.
Des outils telles que des échelles diagnostiques spécifiques permettent de mieux distinguer les véritables cas de TDI des cas simulés ou exagérés (Boon, 2023).
Il est également crucial que les médias sociaux régulent les contenus liés à la santé mentale pour éviter la désinformation qui pourrait aggraver l’état de jeunes vulnérables, en particulier à l’adolescence.
Voici deux conseils à donner aux parents et aux jeunes présentant des symptômes :
- aller voir un professionnel de santé mentale le plus rapidement possible,
- limiter l’approfondissement de connaissances via internet sur le TDI avant que le diagnostic ne soit posé.
Conclusion : TDI vs Münchhausen
La banalisation du TDI sur Internet est une problématique complexe.
Si ce trouble reste rare en clinique, sa représentation en ligne en fait un phénomène de masse, souvent lié au syndrome de Münchhausen par Internet.
Les professionnels de santé doivent être formés aux diagnostics différentiels et à reconnaître de potentielles simulations.
Une réglementation des contenus liés à la santé mentale sur les réseaux sociaux devient urgente pour protéger les plus jeunes !
Assiste-t-on à de nouvelles formes de psychopathologies en lien avec la prolifération de films, séries sur les TDI et bien-sûr tous les témoignages en ligne ?
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📚 Sources :
Binet, E. (2024). Claims of Dissociative Identity Disorder on the Internet: A new epidemic of Munchausen Syndrome? European Journal of Trauma & Dissociation.
Feldman, M. (2000). Munchausen by Internet. Southern Medical Journal.
American Psychiatric Association (2022). DSM-5-TR.
Sar, V. (2011). Epidemiology of dissociative disorders: An overview. Epidemiological Research International.
Statista (2021). Social network penetration rate worldwide.